8

— Papa, il y a quelqu’un pour toi à la porte ! dit Diane, tout essoufflée de sa course.

Je posai le rouleau que j’étais en train de lire.

— Diane, combien de fois faudra-t-il que je te dise que nous avons un esclave pour répondre à la porte ? Je ne veux pas que tu le fasses. Ici, à la ville…

— Mais pourquoi pas ?

Je soupirai. Au moins, son affreuse expérience avec Congrio et Claudia ne l’avait pas rendue timide. Je bâillai, étendis les bras et regardai la statue de Minerve, de l’autre côté du jardin. Elle était en bronze, mais peinte de façon si réaliste que je croyais souvent la voir respirer. C’était la seule femme de la maison qui ne fût jamais insolente à mon égard ; il est vrai que, comme les autres, cette fois, elle paraissait ne jamais m’écouter. Lucius avait dû la payer un bon prix.

— De plus, papa, dit Diane qui revenait à la charge avec l’obstination des enfants gâtés, j’ai reconnu l’homme. Il dit qu’il est notre voisin.

— Grand Jupiter ! Certainement pas un de nos anciens voisins de la ferme !

J’imaginai un instant l’un des Claudii à la porte et sentis un frisson d’inquiétude me parcourir. Je me levai et traversai le jardin, Diane sur mes talons. En fait d’homme à la porte, il y en avait deux, accompagnés par une suite d’esclaves. Celui que Diane avait reconnu était Marcus Caelius ; un rapide calcul mental me confirma qu’un an ou presque s’était écoulé depuis qu’il était venu à la ferme, me demander de payer ma dette à Cicéron. J’ignorais comment Diane avait pu le reconnaître car la mode capillaire lancée naguère par Catilina et les siens avait totalement disparu : Marcus Caelius était rasé de près et ses cheveux étaient coupés court. Le citoyen qui l’accompagnait était Cicéron. L’ancien consul avait quelque peu grossi depuis que je l’avais vu pour la dernière fois, le 5 décembre de l’année précédente, jour de l’exécution des conjurés capturés sur le pont Milvius.

— Tu vois, dit Diane en montrant du doigt Caelius, je t’avais bien dit que je le connaissais !

— Citoyens, excusez les manières de ma fille !

— Mais pas du tout, dit Cicéron. Je n’ai jamais été accueilli de façon plus charmante. Pouvons-nous entrer, Gordien ?

Cicéron et Caelius me suivirent au jardin où nous nous installâmes. Je fis apporter du vin dans une bouteille de verre clissée, avec des coupes, et laissai mes deux hôtes se rafraîchir en appréciant les beautés de ma nouvelle maison. Je savais que Cicéron, en particulier, avait chez lui une statue de Minerve, mais je soupçonnais, d’après ses regards, qu’elle était beaucoup moins belle que la mienne.

— Ta nouvelle maison est impressionnante, dit Cicéron.

— Absolument, dit Caelius en écho.

— Merci !

— Ainsi tu as renoncé à la ferme, constata Cicéron, alors que j’ai bataillé si dur pour te l’assurer définitivement.

— Ton travail n’a pas été perdu, Cicéron. La ferme est devenue cette demeure, comme la chenille devient papillon.

— Tu m’expliqueras cela un jour, dit Marcus Tullius. En attendant, bienvenue de nouveau dans la Ville. Je ne sais pas, au fond, comment tu as pu penser que tu supporterais d’en être séparé. Mais nous sommes voisins, maintenant, sais-tu ? Ma maison est juste en face.

— Oui, je sais. Depuis la terrasse de ma chambre à coucher, je la vois bien, avec le Capitole dans le fond.

— Moi aussi, je suis ton voisin, remarqua Caelius. J’ai loué un appartement dans un immeuble, à l’angle de la rue. Le loyer est exorbitant, mais j’ai eu quelques rentrées d’argent, récemment.

— Ah bon ? dis-je, pensant qu’il serait déplacé de lui demander d’où elles venaient.

— Quel magnifique jardin ! dit Cicéron. Et quelle jolie statue de la déesse ! Si tu voulais un jour t’en séparer, je suis sûr que je t’en offrirais bien…

— Inutile, Cicéron. Comme la maison, la statue me vient d’un ami très cher, aujourd’hui disparu.

— Ah, je vois. Naturellement ! dit-il en buvant un peu de vin. Mais nous ne sommes pas venus seulement pour admirer ta bonne fortune, Gordien. J’ai une petite faveur à te demander…

— Vraiment ? dis-je avec une légère appréhension qui me glaça un moment l’échine, malgré la chaleur du jour.

— Oui. Mais tout d’abord – il avait l’air un peu ennuyé – je me demande si les commodités de cette magnifique demeure sont aussi impressionnantes que le reste.

— Tu trouveras ce que tu cherches à l’extrémité de ce vestibule.

Cicéron se leva en s’excusant.

— Dyspepsie et coliques, dit Caelius à voix basse.

— Merci de la confidence, répondis-je.

Caelius éclata de rire.

— Heureusement, sa digestion s’est considérablement améliorée depuis que le Sénat a passé cette loi au printemps, à propos de ceux qui avaient fait condamner à mort les conjurés.

— Ah oui, je n’étais pas encore en ville, mais mon fils me l’a écrit, avec la formule : « A tous les membres du Sénat et à tous les magistrats, témoins, informateurs et autres agents impliqués dans toute violation de la loi commise en relation avec l’exécution sans jugement de Publius Cornélius Lentulus Sura, Caius Cornélius Cethegus et al, le Sénat de Rome garantit l’immunité permanente. »

— Une bonne chose pour Cicéron, dit Caelius. Car il était vraiment inquiet d’avoir à répondre de l’accusation de meurtre devant un tribunal.

— Et pourquoi non ? Les exécutions ont été totalement illégales.

— Je t’en prie, Gordien, ne va pas dire cela quand Cicéron sera revenu ! Attends au moins que je sois parti !

— Tu t’en vas déjà ?

— Je ne peux pas rester. Je dois voir un artisan de la rue des Tisserands et acheter des tentures pour mon nouvel appartement. Il a une teinture que personne d’autre n’a ; figure-toi qu’elle a exactement la même nuance de vert que les yeux d’une jeune veuve dont je recherche les faveurs.

— Toujours aussi raffiné, Marcus Caelius…

— Merci !

— … mais je reste étonné devant ton choix de loyauté. Connaissant les deux comme tu les as connus, comment as-tu fini par choisir Cicéron au lieu de Catilina ?

— Gordien, vraiment ! Quelle absence de bon goût !

— Parce que cela remet en cause ton jeune idéalisme ?

— Mais non ! Parce que cela remet en cause mon bon sens. Pourquoi aurais-je choisi d’être du côté du perdant, dans un tel conflit ? Bon, d’accord, je sais ce que tu penses, et de Catilina et de Cicéron. Mais quelquefois, Gordien, l’opportunisme l’emporte sur le bon goût.

Il siffla son vin puis se pencha vers moi, tout en surveillant la porte par où Cicéron avait momentanément disparu, et me parla à voix basse.

— Mais si tu veux savoir la vraie vérité…

— Par opposition à la fausse vérité ?

— Exactement. Pendant toute l’année dernière, je n’ai servi en fait ni Cicéron ni Catilina, bien que tous les deux aient cru que j’étais leur homme lige.

— Aucun des deux ? Mais qui, alors ?

— Mon ancien mentor, Crassus. Il avait besoin d’un œil pour surveiller à la fois Cicéron et Catilina, en lui rapportant tout ce qui pouvait le concerner ; j’ai pu m’acquitter de cette tâche. Crois-tu donc que Cicéron soit le seul à entretenir des espions dans tout Rome ? Et Crassus paie considérablement mieux.

— Tu es bien placé pour le savoir, puisque tu as pu comparer leurs prix. Mais tu as dû parfois t’espionner toi-même, non, en tant qu’agent triple ? Crassus, vraiment ?

— Je te le dis en confidence, Gordien, sachant que tu es l’un des rares hommes à Rome à qui l’on puisse confier un secret. Sachant aussi que tu n’es pas vraiment sûr s’il faut ou non me croire.

— Je me demande si tu sais toi-même qui tu sers, Caelius.

— « Le vrai est qu’il faut se prêter à autrui et ne se donner qu’à soi-même. » Que penses-tu de cette maxime d’un philosophe grec ? demanda Caelius avec un fin sourire. Je crois, ajouta-t-il, changeant de sujet, que cela te convient mieux d’être à Rome. Tu me parais plus détendu, l’esprit plus aiguisé aussi, que lorsque nous nous sommes rencontrés à la ferme.

Cicéron réapparut, l’air soulagé, et Caelius se leva pour nous quitter.

— Déjà parti ? demanda l’ancien consul.

— Une affaire de tentures et d’yeux verts, expliquai-je avec un sourire.

Cicéron me rendit le sourire – sans doute pour couvrir son ignorance – et Caelius disparut.

— Oui, comme je te le disais, j’ai une petite faveur à te demander, Gordien, dit Cicéron en s’asseyant près de moi.

— Je ne savais pas que je t’en devais encore une.

— Mais, Gordien, regarde autour de toi. C’est toi même qui m’as crédité…

— Ce crédit-là est remboursé, Cicéron. J’ai gagné cette maison moi-même, pierre par pierre.

— Très bien, dit-il en faisant retraite devant la vivacité de mon discours. Mais écoute au moins la faveur que je te demande, avant de la rejeter.

— Il me semble que si l’un de nous deux est actuellement créditeur, c’est plutôt moi. Appelle cela des réparations, si tu veux. Il y a quelques mois, alors que je vivais encore à la campagne, des hommes armés venus de Rome ont saccagé toute ma maison et terrifié ma famille en pleine nuit. Ils poursuivaient Catilina : qui les avait envoyés chez moi ? Qui les avait autorisés à faire de tels ravages ? S’ils avaient effectivement trouvé Lucius Sergius, ils l’auraient massacré sur place : qu’aurait-ce été d’autre qu’un assassinat en règle ?

Cicéron fit une drôle de tête ; ou bien je lui portais sur les nerfs ou bien une nouvelle crise de dyspepsie le tourmentait.

— Bon ! Pour l’amour de la rhétorique, nous dirons que c’est moi qui te dois une faveur. Est-ce si terrible d’avoir pour débiteur le « Père de la Patrie » ? Et ne veux-tu pas lui accorder une autre faveur, sachant que son crédit est bon et loin d’être épuisé ? Veux-tu me laisser parler ou non, Gordien ?

Je posai ma coupe de vin et croisai les bras. Cicéron sourit, momentanément rasséréné.

— C’est une chose très simple, vraiment. Officiellement, tu sais qu’il n’y a pas eu de survivant dans l’armée de Catilina, après la bataille de Pistoria…

— Je l’ai entendu dire, approuvai-je, mon esprit soudain rempli de souvenirs de sang et d’acier. Tous sont morts, avec toutes leurs blessures de face.

— Oui, de vrais Romains, même dévoyés, hélas ! Néanmoins, il est parvenu à mes oreilles – non officiellement – qu’il y avait eu, en fait, deux survivants dans cette bataille, un père et son fils…

— En vérité ! Et comment sais-tu cela ?

— Tu sais bien que j’ai des espions partout, Gordien. Je veux tirer quelque chose de ces survivants-là.

— Pas une revanche, j’espère. Il y a eu assez de jugements et d’épurations, dans les mois qui ont suivi la défaite de Catilina. Je pensais que tous les ennemis de l’État avaient été arrêtés et punis.

— Il n’est pas question de cela. De ces survivants, je veux recueillir le souvenir qu’ils ont du discours de Catilina.

— Son discours ?

— Mais oui : celui qu’il a fait devant ses troupes, avant de livrer bataille. Il a certainement prononcé une harangue, comme tous les généraux romains.

— Peut-être. Mais pourquoi t’y intéresses-tu ?

— Pour compléter mes archives sur mon année de consulat. J’ai des copies de tous les discours que j’ai prononcés contre Catilina ; Tiron et son équipe de secrétaires ont réalisé la transcription complète des débats qui ont eu lieu au Sénat, avant les exécutions du 5 décembre. J’ai aussi des copies des lettres qui ont confondu les conspirateurs et une copie de la harangue que Marcus Pétréius, le lieutenant d’Antonius, a faite devant les légions consulaires avant la bataille.

— Parce que Antonius était prétendument victime de la goutte…

— Passons. La seule chose que je n’aie pas, c’est une copie des paroles de Catilina devant ses troupes. Oublie donc ma demande de faveur : je serais heureux de récompenser à prix d’argent l’homme qui pourrait reconstituer ce discours pour moi.

— Cela a-t-il un rapport avec la rédaction de tes Mémoires, Marcus Tullius ?

— Peut-être. Après tout, la conspiration de Catilina contre l’État a été l’un des événements cruciaux de toute l’histoire récente de la République, non ? Pour le rôle que j’y ai joué, certains de mes thuriféraires vont jusqu’à dire que j’ai réalisé les idées de Platon sur les philosophes au pouvoir. Ils exagèrent sans doute, mais…

— Je t’en prie, Cicéron ! l’interrompis-je en sentant venir à mon tour une crise de dyspepsie.

— Ce que je veux de toi, Gordien, c’est une transcription des dernières paroles de Catilina, pour la postérité. Tu peux me faire parvenir des notes à ton loisir, ou bien je t’enverrai Tiron pour les prendre sous ta dictée.

— Avec sa fameuse écriture abrégée ?

— Si tu arrives à parler aussi vite…

Je restai perplexe, à l’idée de livrer à son ennemi mortel les dernières paroles publiques de Catilina. Et pourtant ! Pourquoi laisser ces paroles perdues à jamais ? Qu’allait-il rester de lui ? On n’élèverait aucune statue à sa mémoire ; les historiens n’écriraient jamais pour le glorifier ! Il n’avait pas laissé d’héritier pour reprendre son nom ou son combat… Dans quelques années, il ne resterait de lui qu’une série de discours le salissant aux yeux du monde entier. Il y avait aussi le moulin à eau de la propriété de Claudia : l’idée avait été de Lucius Claudius, l’exécution de Gordien et d’Aratus, mais c’est Catilina qui lui avait donné la vie en résolvant le problème des engrenages. Ce monument-là à sa mémoire, seuls moi et les miens en connaîtrions l’histoire…

Cicéron s’éclaircit la voix et ce bruit me ramena à la réalité présente.

— Même si j’avais été à Pistoria et même si je voulais t’aider, Marcus Tullius, qu’est-ce qui te fait penser que je pourrais me rappeler les paroles de Catilina ?

— Je suis certain que tu le peux, Gordien. Tu as une excellente mémoire pour ce genre de choses ; c’est dans ta nature et dans ta vocation de te rappeler les détails les plus précis, surtout les mots. Je t’ai souvent entendu citer, mot pour mot, des arguments et des déclarations datant de plusieurs années.

— C’est exact, Cicéron. Un homme ne peut pas fuir sa mémoire. Sais-tu ce que je me suis rappelé, il y a un moment, lorsque je t’ai vu à ma porte ? Des paroles prononcées par un homme mort depuis longtemps. C’était il y a un peu plus de dix-huit ans, dans ton ancienne maison, au-delà du Capitole, le soir du procès de Sextus Roscius. Tu te souviens ? Nous arrivions chez toi, toi, moi et Tiron, et nous avons trouvé les gardes du corps de Sylla à notre porte ; le dictateur nous attendait dans ta bibliothèque.

— Bien sûr que je m’en souviens, dit Cicéron, curieusement mal à l’aise. Je pensais même que nous allions avoir la tête coupée sur-le-champ et montée sur une pique.

— Moi aussi. Mais pour un monstre qui venait de se cogner le pied, Sylla fut étonnamment gracieux, sans être pour autant flatteur. Il m’a dit que j’étais un chien qui fouillait pour trouver des os, et il m’a demandé si je n’étais pas fatigué d’avoir des vers de terre et de la boue dans le museau.

— Il a dit des choses pareilles ? Je m’en souviens vaguement.

— Lorsque le pauvre Tiron a parlé à son tour, Sylla a déclaré qu’il n’avait pas assez bonne allure pour se permettre de telles libertés et il t’a suggéré de le faire battre.

— Ça, c’est du Sylla tout pur !

— Et tu te rappelles ce qu’il a dit à ton sujet ?

Le visage de Cicéron s’assombrit.

— Je ne suis pas sûr.

— Il a dit : « Stupidement présomptueux ou follement ambitieux, ou peut-être les deux. » Un jeune homme intelligent et un magnifique orateur, juste le genre de type qu’il aurait aimé recruter parmi ses partisans, mais il savait que tu n’accepterais jamais une telle offre, parce que ta tête était trop pleine de vertu républicaine et trop hostile à la tyrannie. Puis il a ajouté… Attends… Voilà : « Tu as des illusions de piété, des illusions sur ta propre nature. Je suis un vieux renard, mais mon flair est encore bon, et dans cette pièce je flaire un autre renard. Je te le dis, Cicéron : le chemin que tu as choisi ne mène qu’à une seule place, et c’est celle où je suis. Ton chemin ne t’emmènera peut-être pas aussi loin, mais il t’emmènera dans cette direction. Regarde Lucius Sylla et vois ton miroir ! »

Cicéron me jeta un regard glacial.

— Je ne me rappelle pas ces propos.

— Non ? Alors tu ne devrais pas te fier à ma reconstitution du dernier discours de Catilina !

— Que faisais-tu dans le camp de Catilina, quand même ?

— J’allais chercher un agneau égaré qui s’est révélé être un lion. Mais ne connais-tu pas déjà tous les détails par tes espions ?

— Il y a des choses qu’ils ne peuvent ni voir ni dire, c’est ce qui se cache – informulé – dans le cœur des hommes. Oh, Gordien ! Si j’avais su que tu serais sensible à la corruption de Catilina, je n’aurais jamais envoyé Marcus Caelius demander ton concours. Je pensais que tu verrais clair en lui, dès l’abord ; au lieu de cela, je pense qu’il a dû te séduire, en somme…Pas littéralement toutefois, j’espère !

Il rit de sa propre plaisanterie, que je n’appréciai guère. La vue de Minerve me calma.

— As-tu des regrets sur ton année de consulat, Marcus Tullius ?

— Absolument pas !

— Aucun doute rongeur sur les précédents que tu as créés pour l’avenir de cette République si fragile ? Nul secret désir de rupture avec les Optimates, pour frapper un grand coup et changer les choses ?

— Le changement est l’ennemi de la civilisation, Gordien. Pourquoi des innovations, puisque tout est dans les mains des Meilleurs ? Ce que tu considères comme progrès ne saurait être que corruption et décadence !

— Mais enfin, Cicéron, tu es un homme nouveau ! Tu es issu d’une famille inconnue, pour arriver au poste suprême de consul. Tu incarnes le changement !

— Il est naturel qu’un nouveau venu de grand talent puisse parfois rejoindre les rangs des Meilleurs, tout comme un patricien de haute naissance, tel Lucius Sergius, peut tomber dans le cloaque et la disgrâce. Telle est la balance des dieux…

— Les dieux ! Comment peux-tu être athée un jour et te présenter comme l’instrument de Jupiter le lendemain ?

— Je parlais métaphoriquement, Gordien, dit Cicéron en soupirant, comme s’il fallait pardonner à un mauvais élève de prendre les choses au pied de la lettre.

— Je crois que j’ai besoin de solitude maintenant, Cicéron, dis-je en regardant la statue de Minerve.

— Mais naturellement ! Je suis sûr que je peux retrouver tout seul le chemin de la porte, dit l’ancien consul en se levant.

Il restait toutefois devant moi, une fois debout, et me regardait avec insistance.

— C’est bon ! fis-je enfin. Envoie-moi Tiron demain matin, si tu veux, avec son matériel d’écriture. Je recomposerai le discours de Catilina, de mémoire, aussi bien que je le pourrai.

Cicéron sourit et hocha la tête en signe d’approbation. Comme il s’éloignait, je ne résistai pas au plaisir de m’offrir une pique vengeresse.

— Et peut-être Tiron se rappellera-t-il les paroles de Sylla… mieux que toi !

J’eus la satisfaction maligne de voir Marcus Tullius hausser imperceptiblement les épaules.

 

FIN

 

L'énigme de Catalina
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